lundi 10 août 2009

Les vacances du chasseur-cueilleur

J'ai passé une semaine de vacances loin d'internet. Donc pas d'anecdotes croustillantes sur tel titre d'article qui ne tient pas dans la largeur de l'écran ou sur tel vandale particulièrement inspiré. Bref, une semaine à la campagne, à cueillir des framboises et à chasser les mairies pour l'inventaire de Pymouss.

Les aventures de Coyau-le-Cueilleur


Il y a une part d'angoisse à se retrouver sur le bord d'un chemin, avec un seau en plastique au bout du bras, une armée de moustiques et de taons affamés autour de soi, une jambe coincée par une branche morte et l'autre pied dans un trou, nez-à-nez avec une fourmilière qui mange des framboises... et sans connexion. La seule solution, c'est de penser. Penser très vite, penser à n'importe quoi.
Les framboises, c'est comme les vandales.

Va pour ça. Ça fait un peu dadaïsme de vacances, mais j'ai dû faire avec. Si ça peut vous rassurer, dites-vous que vous avez échappé à ça en direct, et que vous n'en aurez que les grandes lignes. Parce que moi, j'ai brodé dessus le temps de cueillir plus d'un kilo de framboises. Et une framboise, ça ne pèse pas lourd.

Si on regarde objectivement les framboises, il y a deux types de vandales :
  • Il y a ceux qui sont sur le bord du chemin, à porté d'œil et de main. Ceux-là ne servent pas à faire des tartes, des confitures ou des coulis. C'est de la consommation rapide, du snack pour patrouilleur :on s'en tartine la figure, et on attend que les fourmis rappliquent. Bref, pas d'équipement spécial, pas d'entraînement particulier... Un plaisir grand public, un plaisir de débutant. Ce n'est pas pour autant un plaisir à bouder, voir par exemple le prix Nobel de moustache.
  • Et il y a ceux qu'il faut aller chercher. Ceux pour lesquels on sacrifie son pantalon dans les ronces. Le jeu en vaut la chandelle, bien sûr. On cueille par poignées de la framboise de qualité, de la framboise extra-mûre, de la framboise inexplorée, de la framboise vierge... Un Eldorado du cueilleur de vandale. On en trouve une, on lève la branche, on jette un œil à ses contributions, on ramasse tout ce qui traîne, on jette un œil aux historiques, il en tombe de partout, on s'assied, on découvre un nouveau monde de framboises, car le monde des framboises est fait d'étages superposés. On avance d'un pas, et on recommence. Dès lors qu'on veut bien lâcher le flux-tendu du bord du chemin, qu'on s'aventure un peu plus loin, on entre dans un pays de Cocagne. Et on attrape un coup de soleil dans le cou.
Autant dire que je bloque unilatéralement le premier qui me parle de framboise pour une durée d'au moins une bassine de confiture.

Les aventures de Coyau-le-Chasseur1


Et bien sûr, j'ai sacrifié à ce qui est en passe de devenir un rituel dans la péri-Wikisphère cabalistique. J'ai donné dans l'inventaire à la Prévert de la commune rurale : la chasse à la mairie.

J'avais déjà pratiqué en dilettante, et sur les terres bretonnes (qui plus est). Et quand j'avais voulu chargé ma photo, je m'étais rendu compte que Pymouss était passé par là et qu'il avait fait mieux que moi. La force de l'entraînement, sans doute. On ne devient pas maître d'une discipline inventée par un autre en chassant sur ses terres...

Je pose donc ici l'acte fondateur de l'école orientalo-erratique de chasse à la mairie. Cette école n'aura qu'un seul et unique membre : Coyau. Il payera son écot à l'école-mère occidentalo-bretonniste, et saluera l'école-sœur helvétique (et les autres écoles non déclarées).

Je n'avais pas imaginé que la chasse à la mairie était tellement sportive, ni qu'elle réservait autant de surprises :
  • Je savais qu'il existait des communes sans église2, je n'avais pas réalisé que ces mairies était surmontées d'un embryon de clocher.
  • J'ai trouvé une commune qui avait deux mairies, de part et d'autre de l'église, la première, dotée de tous ses attributs (cabine téléphonique, boîte à lettres et lampadaire3) et un superbe cartouche « mairie » repeint tout en blanc ; la seconde avec un panneau « interdit de fumer » sur la pelouse, comme si le maire n'avait pas été réélu, qu'il avait gardé la mairie pour lui, qu'il avait viré le conseil municipal à coup de pompes dans le train et qu'il avait repeint l'enseigne4.
  • Les adresses sont intéressantes aussi. J'avais bien en tête la récente page à supprimer sur Rue de l'Église5. Il y a des communes où les choses sont faites logiquement : la mairie est au 1, place de la mairie ; il y a les communes qui ont fait des efforts et où la mairie est au numéro du département, ça faut que, pour les Vosges, il faut trouver la combine au niveau de la numérotation pour arriver au 88 dans un village de 173 habitants ; il y a les mairies qui jouent la carte de l'originalité et où la rue de la Mairie est derrière la mairie, comme ça seul le local poubelle de la mairie est rue de la Mairie.

Conclusion


Tout ça pour dire que je vais passer quelques temps à charger des photos dans les jours à venir. Et à manger du coulis de vandale.

Notes


1. Je crois que la seule vraie raison de ce billet, celle qui fait que j'ai écrit cette montagne d'ineptie au retour de vacances (parce qu'en fait, je passe mes vacances à ça : faire de la rétention d'ineptie), c'est que ce titre me fait peser à cette chanson des Frères Jacques, Monsieur Lepetit le chasseur, celui qui chasse la zippopotame et la souris blanche en Seine-Inférieure... Tous comptes faits, je ne suis peut-être pas le plus inepte des rétenteurs d'inepties...
2. Même si je n'imaginais pas qu'il y en eût autant : pour le département des Vosges (qui comprend 516 communes), j'en ai compté 64.
3. Le lampadaire est légèrement désaxé par rapport à la porte, de manière à éclairer le drapeau (qui est au-dessus de la porte) par le côté.
4. Comme les camionnettes de la Poste déclassées et repeintes, sur la portière desquelles on voyait encore l'hirondelle stylisée en relief.
5. J'ai la confirmation expérimentale à la connaissance livresque : c'est bien l'odonyme le plus fréquent en France et en général on y trouve une église. Je sais bien que mon expérience n'apporte rien à personne, mais ça me fait plaisir de vous en faire profiter. Et si ça ne vous convient pas,vous n'avez qu'à aller chercher des framboises.

4 commentaires:

Alphos a dit…

En fait, quand tu as une connexion, tu peux déposer tes inepties un peu partout sur WP sans problème, mais suffit d'une semaine sans connexion et tu nous ponds un pavé d'inepties tout entier, j'ai compris le truc maintenant ... mais je vais quand-même surveiller tes contribs à tout hasard ^^

Erdrokan a dit…

Pour avoir vu le sieur Pymouss, il y a peu, j'avoue qu'il a eu l'audace de dire que c'était nous les tarés !! Et "non déclarée", y en a, je peux te dire.. Ah les "oh pour toi j'ai pris en photo le consulat du Turkemnistan à Romorantin" et consorts que j'ai pu entendre.

Enfin j'ai eu l'audace de reprendre une mairie déjà photographiée par le Maître (Chexbres, VD), mais en mieux, GNAP !

N'oubliez pas : "Quand on photographie une mairie (gare, église), Dieu sauve un chaton".

Coyau a dit…

@Alphos: Il t'aura fallu le temps pour te rendre compte de mon irrémédiable ineptie !

@Erdrokan: "non déclaré", c'est pour n'oublier personne, bien sûr. Pour le reste, ça donne à réfléchir : je vais peut-être arrêter de faire le zozo avec les mairies pour éviter de mourir étouffé par des chatons, moi...

Pymouss a dit…

Mon séjour helvétique m’a aussi permis d’exercer mes talents de cueilleur-chasseur. Si les framboises étaient délicieuses du côté de Saint-Cergue, ma chasse de mairies a été assez peu fructueuse. Il faut croire que je vieillis…

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