mardi 21 décembre 2010

Comment faire caraméliser du café

Recette

Avoir un pot de café froid.

Non, commençons par le commencement. Procurez-vous une cafetière. Et une gazinière, tant qu'à faire, ça va servir. Faites livrer tout ça, ouvrez le carton, branchez. Allez chercher du café, fermez la porte, ouvrez la fenêtre, fermez la fenêtre, allumez la lumière. Allumez l'ordinateur.

Faites un grand pot de café, divisez-le en deux.

Allez lire planete en buvant la première moitié.

Revenez voir le pot de café à moitié vide (ou à moitié plein, dans tous les cas ne jamais garder le café dans une bouteille de Klein). On est donc maintenant dans la position initiale.

Mettre le reste du café dans une casserole, allumer dessous.

Revenir devant l'ordinateur, décliner anorak en polonais sur le wiktionnaire.

Revenir dans la cuisine, constater que ça pue et que ça fait un bruit vraiment bizarre. Allumer la lumière, ouvrir la fenêtre. Normalement on a un reste de café caramélisé dans le fond de la casserole.

S'il reste trop d'eau dans le café, c'est qu'on aurait pu essayer de conjuguer du grec ancien. S'il y a un trou dans la casserole, c'est peut-être qu'il faut essayer de l'allemand (il y a moins de cas qu'en polonais).

samedi 18 décembre 2010

Justin Bridou, et le foundraising de Wikimedia Foundation

Je n'avais pas l'intention d'en parler, parce que dans le fond, très loin, ça ne me passionne pas. Mais puisque c'est voila, alors voila (hein).

Ordoncques, je rentrais des 40 ans d'un copain sur le coup des plus de métro et quart (ou à peu près), et je m'aperçois en rentrant dans mes pénates (j'ai des pantoufles avec des poils roses très seyants tout autour des ripatons) que je dois impérativement aller faire une modification sur le wiktionnaire en malayâlam (que je n'invente pas pour l'occasion) tout de suite maintenant, sinon un dinosaure va me manger.

Quand je suis frappé par le bandeau de foundraising, en haut de la page. Ça se remarque comme un coup de pied au cul : ce n'est plus saint Jimbo le prude qui me réclame des sous en essayent de vendre des Rolex de troisième main, c'est une brune avec des cerises sur l'oreille et un t-shirt vert kaki avec des taches jaune caca d'oie et marron :
Grâce au travail de Lila et de milliers de bénévoles,
Wikipédia est toujours là quand vous en avez besoin.
Aujourd'hui, c'est Wikipédia qui a besoin de vous.
Faites un don.
Il semblerait (enfin, c'est ce qu'on m'a dit) que ladite Lila, avec ses cerises sur l'oreille aurait un compte quelque part sur Wikipedia, qu'elle aurait en tout et pour tout (tous projets confondus) fait 48 edits depuis juin 2008.
Pour sa défense, il faut quand même noter qu'elle est moins barbue que Jimbo.

Tout ça pour dire, monsieur Fernand, que le pastis perd chaque jour de l'adhérent.

Et aussi qu'on est passé à la phase Justin Bridou du foundraising : la phase où on s'invente une mascotte pour faire croire qu'il y a des gens derrière cette machine de guerre qui a réussi à évincer Quid, et Encarta (moi, je serais un ancien de ces deux boîtes, je me ferais du souci : ça voudrait dire que j'ai perdu mon boulot à cause de dilettantes qui font une édition toutes les trois semaines). Il ne s'agit à l'évidence pas d'un Giovanni Panzani, fondateur ressorti du placard où on l'avait caché et ré-italianisé pour concurrencer le sus-nommé Justin sur le marché du spot publicitaire alimentaire.

Donc le Justin Bridou de la Wikimedia Foundation s'appelle Lila.

Ils ont déjà eu le bon goût de ne pas mettre en avant la Wikipe-tan (quoiqu'on aurait un peu rigolé : WP représenté par une mascotte lolicon).

Et tant qu'on parle de ça, donnez des sous.

mardi 14 décembre 2010

GLAMWIKI, retour d'expérience

Quand on va à un raout comme ça, le moins qu'on puisse faire c'est un retour d'expérience.

Personnellement, je ne suis pas GLAM-GLAM, ni GLAM-pro, ni je ne sais quoi (éventuellement pro-GLAM, si tant est que ça veuille dire quelque chose).
Je trouve chouette que la culture soit librement à disposition, qu'on puisse se renseigner sur ceci ou cela sans avoir à sortir de chez soi (je suis assez cavernicole, à titre personnel), qu'on ait accès aux grandes considérations générales et à des points particulier (on peut parler de l'histoire de l'art en général ou d'un tableau en particulier, les deux sont importants).
Je suis donc également content quand je vois que Deutsches Bundesarchiv ou le studio Harcourt trouvent l'intérêt et le temps de charger des photos sur Commons.

Cela dit, sur l'organisation des Rencontres Wikimédia 2010, je suis d'accord avec ce que dit guillom ici, je ne vais pas répéter.

Je me suis gratté la tête quelques jours pour trouver quelque chose d'autre à en dire, qui me tienne à cœur. Voici quelques notes :

Usage commercial vs. usage non commercial

La doctrine actuelle de l'administration centrale en matière de libération de données se résume à :
On veut bien ouvrir nos données, mais seulement pour les usages non commerciaux.
À chaque fois qu'elle a été exprimé, la réponse est venue de la salle, en anglais et sans concessions (comme quoi la barrière de la langue peut avoir l'avantage de la franchise). Je cite de mémoire.
  • Le vendredi, c'est Gerard Meijssen qui a demandé de façon assez abrupte comment il se faisait qu'on vienne tenir un tel discours à des rencontres organisées par Wikimédia.
  • Le lendemain, c'est Erik Moeller qui a fait un rappel net sur la nécessité d'autoriser les usages commerciaux et le côté illusoire de la distinction.
Une manière de dire « Oh, les mecs ! redescendez sur terre ! vous êtes ridiculement français, il y a un monde, dehors, qui ne vous attendra pas. »

Bons moments

La « table ronde » juridique Wikipédia, Wikimédia et les licences libres était remarquablement intelligible. J'ai peut-être de mauvaises expériences en la matière, mais pour un domaine où il est tellement facile de se répandre en jargon et en numéros d'articles de codes divers, les intervenants ont fait un remarquable travail de synthèse et de vulgarisation.

J'ai aussi apprécié le résumé de la chronologie des différentes démarches auprès des institutions qui ont abouti ou non, qu'à fait David Monniaux. C'est le genre de rappels utiles à faire de temps en temps pour les communautés Wikimedia, qui ne fonctionnent pas sur le même rythme.
Inversement, on devrait aussi pouvoir expliquer aux interlocuteurs institutionnels le rythme des projets (ce qu'a esquissé Benoît Evellin à propos du projet monuments historiques (slides), sans que ce soit vraiment le but de sa présentation). Quand on arrive à enthousiasmer sur un sujet une poignée de contributeurs, ils peuvent abattre un boulot considérable. J'espère qu'on ne m'a pas attendu pour ça, d'ailleurs.

Et je ne pouvais pas finir autrement que par la question qui a laissé tout le monde sur le flanc :
Et si tous les câbles fondent, est-ce qu'on a pensé à avoir Wikipédia par satellite ?
Et la réponse de Liam Wyatt :
Wikipédia n'est pas une encyclopédie sur internet, c'est un moyen de partager de la connaissance, donc si les câbles fondent, on enverra des pigeons voyageurs.

Biller sur le Wiktionnaire




Bien sûr, je n'aurais pas fait ça si on ne me l'avait pas demandé.

lundi 13 décembre 2010

Ariane à Naxos

Voici enfin un opéra (en un acte, avec un prologue) qui parle de Wikipédia.

Résumé.

Prologue

Le rédacteur a écrit un article de qualité (absolument génial) sur un sujet pointu. Il va d'ailleurs en donner la lecture ce soir, chez un riche sponsor. Or, le riche sponsor pense qu'il va faire fuir ses sages actionnaires avec une lecture aussi pointue et pleine de notes de bas de page1, il a donc décidé de convoquer une actrice porno et une bande d'humoristes sur le retour pour réveiller ses hôtes avant le buffet.

Tout va bien jusqu'au moment où le rédacteur de qualité apprend le programme de fin de soirée. Il se fâche tout rouge, menace son parrain d'éviscération, tape du pied, fait pipi par terre et se roule dedans.
Là-dessus, l'actrice porno arrive et séduit le brillant rédacteur.

Le riche sponsor change finalement d'avis et décide que la lecture aura lieu en même temps que la performance de l'actrice porno.

Rideau.
Entr'acte.

Acte (seul et unique)

Comme annoncé, le rédacteur ennuie tout le monde avec ses idées pointues, alors que les rondeurs de l'autre leur font lever le sourcil.

Rideau.

Commentaire

Si on ne me l'avait pas dit, je n'aurais jamais imaginé que von Hofmannsthal aurait l'idée de mourir assez tôt pour que son livret (aujourd'hui dans le domaine public, si je ne me trompe) puisse servir de base au développement du système social qui sous-tend la rédaction de Wikipédia.

Pour ceux qui n'ont rien compris de cette parabole, apprenez l'allemand, lisez ceci et sortez de chez vous.

Note

  1. Pour ne pas dire chiante comme la Lune.

vendredi 10 décembre 2010

Élégie à quelques ordinateurs

Je m'étais dit comme ça que je pouvais sortir de chez moi, je suis donc allé passer le pont du 11 novembre à 500 km de chez moi. En revenant, mon ordinateur portable a refusé catégoriquement de se rallumer. Il n'aimait visiblement pas voyager, c'est ballot.

Je m'étais dit comme ça que je pouvais sortir de chez moi, je suis donc allé aux rencontres Wikimedia sur les GLAM, deux semaines après. En partant de chez moi, mon ordinateur fixe a refusé catégoriquement de s'allumer. Il n'aimait visiblement pas rester à la maison, c'est ballot.

Et je me suis retrouvé sans ordinateur. J'ai bien essayé de crier dans le modem, des fois que quelqu'un m'entende, mais ça n'a servi à rien (quand j'étais gamin, je criais dans les boîtes aux lettres des magasins, en rentrant de l'école, ça faisait sortir les commerçants).

Bref, à cause de ces machines capricieuses, j'ai fait une expérience survivialiste d'une semaine, j'ai médité sur Wikimedia et les GLAMs (sans arriver à en tirer des conclusions révolutionnaires), j'ai ouvert 4 ou 5 livres en papier dont j'avais oublié jusqu'à l'existence, j'ai pelleté de la neige, je me suis promené à 2 heures du matin…

Et puis, comme ça allait bien comme ça, j'ai renouvelé mon matériel, et me voila de retour, alive and kicking, avec toute une liste de trucs à faire :
  • trier quelques centaines de photos, les retoucher, les mettre sur Commons ;
  • vérifier des tonnes de mots bizarres sur le Wiktionnaire ;
  • créer quelques articles sur Wikipédia ;
  • relire un bouquin de la BnF sur Wikisource ;
  • fixer des rendez-vous improbables ;
  • raconter tout ça ici…

Bref, je suis de retour.