vendredi 29 juillet 2011

Les licences libres, la Culture, et la réalité

On se dit, comme ça, qu'on contribue au Savoir et à la Culture en publiant ses photos sous licence libre. C'est beau, c'est généreux, c'est grand.

Mais en fait…

En fait, les quelques photos que j'ai prises avec amour et publiées avec patience sur Wikimedia Commons sous licence libre et que je retrouve au hasard de mes promenades sur le web m'ont d'abord un peu surpris. Disons que je ne m'attendais pas à ça.

J'illustre donc un assureur, un machin indéterminé sur le Grand Paris, un marchand d'échafaudages et qu'est-ce que je sais encore ?

Et tout ça avec les photos les plus bêtes du monde, du genre de celles qui ne rentrent pas au musée :

ÉchafaudageBanc, square Claude-Nicolas-LedouxVoiture brulee

La conclusion s'impose d'elle-même : les photos à la con sont au moins aussi utiles que les photos scientifiques ou artistiques.

jeudi 28 juillet 2011

L'intérieur des tubes fluorescents

Et tant que je suis dans les photos de souterrains, j'ai fini ce panoramique de la rue Watt (celle-là même de la chanson de Vian).

Paris, Rue Watt

En bref, j'avais pris ça en fourchette (cherchez pas, il n'y a que sur wikipédia que le bracketing s'appelle comme ça) en me disant que vu qu'il fallait faire quelque chose pour voir en même temps le ciel et le sol (on ne voit pas beaucoup de ciel, d'accord).

Donc j'avais 3 jeux de 73 photos (si je persévère dans le 360×180°, il va falloir que j'investisse dans l'optique). Ça m'a pris une nuit à caler les photos du premier (le plus clair, c'est plus facile de voir ce qu'on fait quand on ne bricole pas des photos irrémédiable­ment toutes noires) dans hugin. Pour les deux autres, ça prend 20 secondes : le temps de copier-coller.

J'en suis donc à une nuit et 20 secondes.

Vient le moment critique, le moment du calcul. Aucune idée du temps que ça a pris, j'ai lancé le truc, je suis parti vivre ma vie, et quand je me suis réveillé le lendemain, l'ordi­nateur était en veille. Coup de pied au cul, le machin est reparti, je suis retourné vivre ma vie, et quand je suis revenu, c'était fini. Bien.
À la louche, un jour et demi.

Comme on ne vit pas dans un monde parfait, ça avait bugé un peu, il y avait des artefacts étranges sur tous mes fichiers. Mettons une demi-journée tout mouillé pour calculer des rustines et pour les coller.

Là, on en est à 2 jours, 1 nuit et 20 secondes.

Restaient deux choses à faire : virer le pied et fusionner les 3 images. Du gâteau.

Virer le pied, ça se fait bien (voir deux billets en arrière, ), un gros quart d'heure de 25 minutes.

Fusionner les trois images, c'est un peu plus rigolo. Je comptais faire ça avec Luminance HDR (ex-Qtpfsgui, ils ont pris un nom à peu près compréhensible et prononçable quelque part en juillet 2010, avec la sortie de la version 2), le logiciel poilu de HDR (que je n'ai jamais réussi à maîtriser). Ça, c'était l'intention de départ.
Il a jamais voulu ouvrir la première image que j'ai essayé de mettre dedans.
J'ai ressorti hugin, qui sait aussi faire, et qui a planté. Avant de commencer.
Forfaitairement, une heure pour réaliser que je perdais mon temps.

No HDR today…

Donc j'ai dû faire ça « à la main », avec mes petits doigts gourds et boudinés aux ongles noirs. Avec GIMP. La méthode consiste à ouvrir les trois photos ensemble et à leu assigner un masque qui ne laisse visible que les parties de la photo qu'on veut bien.
J'ouvre donc ma photo claire, j'« ouvre en tant que calque » l'image moyenne, je lui assigne comme masque une « copie du calque en niveaux de gris », qui ne va laisser passer que les hautes lumières.
Dans la théorie c'est simple. Dans la pratique, quand on fait ça avec des très grosses images, ça devient très distrayant. Rien que pour charger les photos, mettre le masque et afficher le tout, une heure. Dans ces cas-là, je m'impatiente, je m'énerve, je dis que c'est bien et j'enregistre.
Donc j'étais énervé. Mais il me restait à coller dans ma photo la troisième couche, celle qui est toute noire, avec juste le nuage et l'intérieur des tubes fluo­rescents.

Quand on fait un panorama, il faut voir l'intérieur des tubes fluo­rescents, sinon on n'a rien compris à la vie.

Bref, encore une heure, autant dire que j'ai fini complètement hystérique (mais assez content que l'ordi­nateur n'explose pas au moment d'enre­gistrer, j'en ai déjà un qui a brûlé, c'est moyen­nement drôle).

2 jours, 1 nuit 3 heures, 25 minutes et 20 secondes.

Et il a fallu uploader le truc sur Commons. J'ai vaguement rempli la description (en faisant l'impasse sur la crise de nerfs), et j'ai laissé se démerder… 3 heures à peu près (ou bien ma connexion ou bien les servers étaient dans la panade, peut-être les deux).

Résultat des courses : 2 jours, 1 nuit 6 heures, 25 minutes et 20 secondes.

De cette sombre histoire, je tire un enseignement positif et un constat désolé : je sais encore faire un addition, mais qu'est-ce que je peux perdre comme temps…

Si vous voulez regarder le pano­ramique de plus près (si toolserver veut bien marcher) :
  • ici le machin pour zoomer comme un taré, sur lequel on voir que je fais mal mes réglages, et que j'ai un bruit de fou furieux,
  • le bidule pour partir en toupie (panoramaviewer).

lundi 25 juillet 2011

Expérimentations panoramiques

Poulpy l'a déjà raconté, je marche à 700m/h, surtout quand on me dit : « viens prendre la pluie. » et que je n'ai pas de ciré.
Suite de l'histoire, donc.

Je suis rentré à la maison, et j'ai commencé par dormir un peu. Ensuite, c'était dimanche, donc grasse-mat', etc. En écrivant ça, je me rends compte que je n'ai pas une vie passion­nante.

Puis j'ai allumé l'ordinateur, et j'ai regardé les 580 photos d'herbe que j'étais allé faire le 15 juillet, dans un coin où les villages ont des noms d'extra­terrestres arthro­podes dans Yoko Tsuno. Arrivé à ce point, il faut préciser que je me suis fait offrir il y a quelques temps du matériel de fou furieux pour faire des pano­ramiques, donc j'essaye et j'apprends à m'en servir. Ça veut dire que je fais des trucs bizarres, et que je n'ai pas fini d'en faire.
Par exemple, je me suis enfermé dans une biblio­thèque pendant 45 minutes, portes et volets fermés, avant de passer 2 jours à m'arracher les cheveux devant un ordi­nateur, pour faire ce truc improbable :
Château de Versailles, petit appartement de la reine, 1er étage, bibliothèque, pano
Donc là, je me suis dit que j'allais essayer de passer moins de temps à faire un truc tout aussi inutile. Histoire de gagner du temps.
Cette fois-ci, au lieu d'illustrer la biblio­thèque d'une reine morte, illustrons une rivière de 19 km de long (si je compte bien, j'en ai pour un peu plus de 27 heures, sans manger ni dormir, en comptant qu'il y a du bitume et des fontaines Wallace tout le long du chemin, etc.) Le parangon de la bonne idée, donc.

Donc j'ai regardé ces 580 photos, et je me suis dit : « c'est parti. »
J'ai ouvert hugin, j'ai essayé, tripatouillé, recommencé…
Puis j'ai mangé. Et j'ai recommencé. Tout en lisant du coin de l'œil quelques vagues tutoriels qui datent de 2008 et qui expliquent comment virer le trépied de la photo.

Bilan :
  • une journée et demi (il y a du progrès) pour monter un pano­ramique,
  • quelques heures de calcul,
  • une demi-heure pour virer le trépied,
  • cinq minutes pour le montrer à tout le monde,
  • 60 photos de traitées, il n'en reste que 520, ouais !
… tout ça pour faire des photos vraiment foireuses, bien racoleuses et à peu près inutiles.
Belvitte à Xaffévillers 03
Mais au moins maintenant vous savez que je suis capable de faire une photo sans toucher le sol, mais que j'ai encore des progrès à faire pour le ciel.

Trêve de plaisanteries, j'ai des photos de fontaines Wallace et de « trucs cools » du 13e arrondis­sement qui attendent d'être montées.

Suite au prochain numéro…

mardi 12 juillet 2011

le pigeon est-il soluble dans le moka ? (avec pieuvre)

Je ne comprends pas comment les gens se servent des moteurs de recherche. Peut-être que je rate un truc, que je ne devrais pas payer si cher mon psychanalyste, parce que visiblement google fait la même chose. Et pour moins cher.

Voici quelques unes des 406 requêtes qui ont abouti sur ce blog depuis juillet dernier. Si vous comprenez ce qui s'est passé dans la tête du type, expliquez-moi.
le pigeon est-il soluble dans le moka ? (avec pieuvre)
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C'est le gagnant du jour. J'ai tellement pas compris d'où ça sortait que je l'ai mis en titre. Garçon, la prochaine fois que tu cherches cette suite de mots absurdes et sans rapports, laisse-moi un commentaire, j'aimerais en savoir plus sur toi.
pencarte historique personnalisable
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Je l'orthographe laisse telle quelle, parce que c'est ça, du vrai français, tel qu'on l'écrit sur google.
vitet ripolin
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trotignolle figne
1 visite
Il faut préciser que parfois je comprends les mots, parfois pas.
"blesse mon coeur d'une langue
2 visites
suisse espagnole
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traité de construction des fontaines d'eau
1 visite
sport l'epreuve des bips a pied inconvenients video
1 visite
record du marathon pour un ponte coronarien
1 visite
quoi faire quand on est ennuyais
1 visite
raviolis de poulpe
1 visite
on ne se mefie jamais assez des gens
1 visite
la ville de paris envahie par les ouvriers démolisseurs
1 visite
je m'enuyais
1 visite
je m'ennuyais
8 visites
je m'ennuyais un peu
1 visite
je m'ennuyais chez moi
1 visite
ici je m'ennuyais
1 visite
comment je m'ennuyais pas
1 visite
je m ennuyais un peu
2 visites
Ça devait être vrai qu'il s'ennuyait. D'un coup je comprends comment google profile les gens, il suffit de les écouter chercher.
Par contre je me demande ce qu'il espérait trouver en cherchant ça…
hemoroides et sodomie
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hemorroides contagieux
1 visite
hemorroides contagieux?
1 visite
Bon, je ne moque pas, je sens l'angoisse qui percole.
piranha hemorroide
1 visite
Ou pas.

samedi 2 juillet 2011

Auto-interview

Salut.

Ouais.

Tu fais quoi, ces temps-ci, Coyau ?

Orf… je bricole un peu sur le projet Versailles sur Wikipédia.

En pratique, tu fais quoi ?

Ben, comme c'est trop fatiguant, j'écris rien. Il y a des tas de gens motivés pour s'user le bout des doigts, alors je les laisse faire. En fait, je vais me promener à Versailles, et je prends des coups de soleil. Et des photos (donc en fait je participe plus au projet Versailles sur Wikimedia Commons, en fait).

Des photos de quoi ?

De trucs ridicules. J'aime bien les trucs ridicules. Tiens, par exemple, les mecs se sont fatigués à faire un nœud-nœud à pompon à la queue du cheval de Louis XIV. Il paraît que c'est même pas son cheval, d'ailleurs.

Versailles, statue équestre de Louis XIV 01

Ah.

Oui.

Ou bien il y a ça, qui m'a bien fait marrer aussi. Dans le bosquet des Dômes, il y a une statue d'Acis et une de Galatée, tu sais, Acis le berger charme la nymphe Galatée en jouant de la flûte, mais ça ne revient pas au cyclope Polyphème qui aime Galatée, donc il écrase le gamin sous un tas de cailloux et va se faire la fille. Une histoire lamentable. À te dégoûter d'être berger.
Bref, pour en revenir à ça, la statue d'Acis joue du fifre en regardant d'un œil mouillé de miel à gauche et Galatée lève les bras de surprise en regardant à droite (elle est supposée être surprise par le son de la flûte). Tu te dirais comme ça que naturellement, ils se regarderaient et que ça ferait une scène charmante.

Oui.

Ben non. Ils sont à l'envers. Acis s'époumone pour Le Point du jour, qui est en restauration (donc en fait il joue pour un piédestal vide) et Galatée est vraiment surprise de se retrouver à côté de sa frangine Amphitrite.

Parc de Versailles, Bosquet des Dômes, Acis, Jean-Baptiste Tuby 01Parc de Versailles, Bosquet des Dômes, Galatée, Jean-Baptiste Tuby 01
C'est ballot.

Tu as entendu parler de l'opération 24 heures pour un article ?

Oui, vaguement.

Et tu veux bien nous en parler ?

D'accord, si tu veux.
C'est un truc pour motiver les gens à se sortir les doigts… tu couperas ça au montage, hein… pour motiver les gens à rédiger des articles. Parce que si on les laisse tout seuls, ils vont se promener et ils attrapent des coups de soleil. Donc voila, on te dit tel jour, va éditer tel article en même temps que tous les autres, et on regarde en fin de journée ce que ça donne. Dans le principe, c'est sympa, mais ça doit être un cauchemar à organiser : faut trouver un article assez mal fichu pour qu'on puisse jouer à plusieurs, et puis faut trouver un créneau pour que tout le monde puisse être là. Et quand on ajoute à ça le décalage horaire, ça devient une horreur. M'enfin, voila.
Donc là, il fallait améliorer le Grand Trianon en 36 heures (c'est pas parce que ça s'appelle 24 heures qu'on va se laisser enquiquiner par des détails comme ça, on est trop forts, et on fait ce qu'on veut comme Chuck Norris).
Il y aura bien des gens pour te faire des bilans, des comptes-rendus, comparer l'avant et l'après, et des statistiques passionnantes sur l'opération.

Tu as participé ?

Oui, non, en fait j'étais pas sûr. Et puis j'avais pas noté la date. Enfin, je savais que ça venait, mais sans plus. Et puis je me suis rendu compte que c'était le truc au bout de 24 heures. C'est ça qui est beau quand on te dit que 24 heures en durent 36, c'est que même si tu rates le truc, tu es encore bon. Et tu peux ajouter ta zone.

Qu'as-tu ajouté, donc ?

Honnêtement, moi, Trianon, connais pas. J'y suis jamais allé. Mais j'avais sous la main un livre d'histoire de l'architecture française, donc j'ai potassé les 3 pages sur le sujet. Il y a aussi des pages d'illustrations un peu plus loin, mais j'ai pas regardé. Et puis je me suis dit, un truc comme Trianon, on va sûrement en dire des trucs intéressants dans les traités d'architecture, donc j'ai cherché dans le Cours d'architecture de Jacques-François Blondel.
Tiens, à ce sujet, tout le monde se croit très malin en disant juste Blondel. Des Blondel architectes connus dans l'histoire de l'architecture (je te parle pas du type qui a fait le pavillon de mon cousin Gaston), il y en a trois, tous les trois à l'académie royale d'architecture :
  • il y a Nicolas-François qu'on appelle donc François, Ancien dans la querelle des Anciens et des Modernes (il y a eu ça aussi en architecture), il a formalisé le calcul des escaliers (on apprend ça en première année d'archi, la formule de Blondel), il a écrit un traité d'architecture, il a construit la porte Saint-Denis, et la rue Blondel, c'est lui ;
  • il y a Jean-François, qu'on appelle Jean-François, Rouennais, enseignant, sans relations avec le précédent mais oncle du suivant ;
  • et il y a Jacques-François, qu'on appelle Jacques-François, architecte moyen mais grand théoricien selon Pevsner, auteur d'un traité d'architecture, lui aussi.
Bref, ça m'énerve quand on ne met pas les prénoms, parce que ça veut dire qu'on n'a rien compris à ce qu'on dit.

Donc j'ai potassé Jacques-François, qui a publié un petit siècle après la construction, et qui après l'avoir cité en modèle d'élégance n'arrête plus d'en dire du mal (la frise de la cour est trop petite, les pilastres du côté du Grand Canal sont ridicules, du coup faudra que j'aille les voir, ces pilastres, etc.), j'ai copié une citation qui expliquent l'élégance, ça fait plaisir de pouvoir dire, référence à l'appui (sans être taxé de jugement personnel) ça, c'est élégant, et j'en ai mis un autre qui explique l'italianisme, parce que c'est assez évident quand tu as des notions d'histoire de l'architecture française aux temps modernes (ok, ça commence à être un peu spécialisé, mais quand même…), mais si tu ne le sais pas, tu n'as aucun moyen de trouver tout seul.

Et ton bouquin d'histoire ?

Ah oui. Il prenait la poussière. Donc bon, j'ai passé mon après midi à expliquer dans l'article que Louis XIV, qui campait pratiquement au Grand Trianon, a passé des mois à fiche la merde sur le chantier, et à refuser des fenêtres.

Il a refusé des fenêtres ?

Oui. Il est allé voir le menuisier et il a dit non, pas celle-là.

Non ?

Et il ne voulait plus lâcher l'affaire, ça a duré des jours et des jours, il est même allé chercher Le Nôtre pour dire comme lui.

À tel point que Louvois a emmené Louis XIV faire la guerre un peu plus loin, et qu'il fiche la paix à tout le monde sur le chantier, parce que le truc de la fenêtre devenait juste impossible.

Ouah… Nan, j'te crois pas !

C'est dans tous les bouquins, c'est dans les mémoires de Saint-Simon.

Hum… Et ton bilan de l'opération ?

C'est bien, j'ai appris un truc complètement ridicule. Faudrait juste creuser un peu, parce qu'il doit y en avoir d'autres. Je le sens croquignol, le Grand Trianon, faudra que j'aille voir ça.

Et comme tu ne vas pas me demander, je me pose la question avant d'y répondre, avec quel personnage historique j'aimerais dîner. Saint-Simon.

Merci.