J'en avais parlé il y a quelques mois, avec une approche un peu polémique (
ici), du problème est photos truquées qui consiste à savoir si une photo est un document ou une illustration.
Je retombe sur ce débat
ici, tout à fait d'actualité (pour ceux qui ont la flemme d'aller voir, le le jury du
World Press Photo a disqualifié le lauréat du 3
e prix de la photographie sportive pour une histoire de retouche un peu surréaliste : la décision ne s'appuie pas sur le recadrage drastique, ni sur les bricolages pour la faire ressembler aux photos de presse de la guerre du Vietnam, mais sur l'effacement d'un petit schtouille flou). Il est question de grands mots : éthique professionnelle, Vérité, etc.
Je ne vais pas me placer sur ce plan (je ne suis pas photo-journaliste et ce n'est pas à moi de fixer ici les règles du métier), je vais plutôt essayer de faire le tour des usages possibles d'une photo.
La photo-illustration
Celle-là a pour but d'encombrer votre table de salon. Ça se vend bien, on en fait même des livres entiers (livres de photos de villas au soleil avec une piscine bleue, à chaque fois que je rentre dans un librairie, je cours vers ce rayon, c'est ahurissant le nombre qu'il y en a, et le texte se résume au numéro d'ISBN, et au prix sur la quatrième de couverture).
C'est aussi la photo qui est sur la fiche cuisine ELLE. C'est la photo qu'on colle sur une couverture de bouquin, pour faire vendre. Je suis sévère.
Dans certains cas, d'ailleurs, on lui préfère carrément le dessin. Je pense aux livres de champignons, ou une information sélectionnée à bon escient et représentée systématiquement est préférable à des photos où on risque d'être distrait par un détail ou par une particularité du spécimen (ou gare à l'
omelette).
C'est un peu comme ça qu'on envisage les photos sur Wikipédia (on va même jusqu'à
considérer que ça aère les textes illisibles).
La photo-document
Par exemple, la photo scientifique (on fait une photo, puis on exploite : on y fait des observations, on en tire des conclusions, etc.) Essayez de de faire un caryotype après avoir rendu votre photo de cellule jolie (ce côté-là était pas très joli, alors j'ai repris une photo d'hier que j'ai collé un peu sur le côté en étirant bien le tout pour que ça ne se voie pas, puis il me manquait un petit chromosome, donc j'en ai fait un à la tablette graphique de l'autre côté). C'est comme ça qu'on se retrouve avec des poulets pour supermarché (les paquets de 8 cuisses sans ailes).
La photo-élément

On pense peut-être moins à cet usage de la photo, et pourtant ça se vend aussi, mais pas à la même clientèle. Ça s'appelle stock-photo. C'est les photos qui sont utilisées pour faire des montages, pour faire des 3D (comme
fond, comme
texture). Ça ne fait pas des photos passionnantes à faire ou à regarder (je vous en mets une), mais ça sert aussi. Et il n'y en a pas des masses sur Commons.
C'est ce qu'on utilise pour les
bandeaux de portails/projets thématique sur Wikipédia.
Tout ça pour dire…
Oui, tout ça pour dire que quand on fait une photo (et
a fortiori quand on autorise sa réutilisation, par exemple en la publiant sous licence libre et au hasard sur Commons), on ne sait pas à quoi elle peut servir.
Ça implique qu'on se laisse le maximum de possibilités d'usage, donc qu'on truque un minimum et qu'on indique le plus précisément possible les modifications apportées. Or il n'est pas réaliste de certifier sur les quelques millions de fichiers de Commons, toutes les modifications sont correctement documentées, parce que pour être sérieux, il faudrait avoir systématiquement à disposition toutes les images de base de toutes les photos retouchées (et allez certifier que telle photo est vraiment sans retouche…) Quand on voit le mal qu'on a à obtenir une description correcte de ce qui est sur la photo et un classement correct dans les catégories, on n'en est pas là.
Ça veut surtout dire que les photos de Commons ne peuvent pas servir à tout. On peut bien sûr considérer qu'on s'en fiche et que Commons a pour but de stocker les photos qui illustrent Wikipédia, c'est vrai. Et c'est faux. Les fichiers sont à la disposition de qui veut les utiliser, d'ailleurs ils sont utilisés sur des projets extérieurs à Wikimedia (par
exemple sur
OSM).