mercredi 7 avril 2010

Trois bons mois de galère

En décembre, j'ai été pris d'un coup de sang. Ça peut arriver à tout le monde. J'étais tombé sur toute une catégorie de photos de bâtiments des années 1950 de Royan sur Commons. Pour ceux qui s'intéressent de près ou de loin (bon, d'accord, plutôt de près) à ce qui se passe sur Commons, c'est le genre de catégorie impossible là bas. Parce que les architectes qui ont construit des bâtiments dans les années 1950 ne sont de toute évidence pas morts depuis plus de 70 ans et que leurs œuvres ne sont pas dans le domaine public et parce que Royan est en France, et qu'en France il n'y a pas d'équivalent à la Panoramafreiheit allemande, et que donc on n'a pas le droit de mettre ce genre de photos sur Commons (elles ne sont pas libres). Pour ceux que ça intéresse, allez faire un tour sur la synthèse de Commons sur le sujet, avec la situation dans différents pays.

J'ai donc fait une requête de suppression d'une bonne centaine de fichiers (j'ai simplement ratissé toutes les sous-catégories). Il se trouvait que la grosse majorité des fichiers venaient d'un contributeur avec qui j'étais en affaires au sein du projet monuments historiques. Cri de désespoir. Qu'est-ce que j'ai fait là ? J'ai réussi à dégoûter quelqu'un qui fait par ailleurs un chouette boulot pour appliquer une règle absconse (ou abstruse, je n'ai jamais bien su). La discussion s'est engagée, pas tant sur le sort des photos (qui doivent être supprimées de Commons), que sur les modalités de sauvetage.

Il a été convenu que les photos devaient être déménagées vers Wikipédia en français, qui accepte (du bout des lèvres) ce type de photos, suite à une prise de décision de 2006. Restait à savoir comment (une centaine de photos, ça commence à faire du boulot).

Il existe des utilitaires pour faire le boulot inverse (CommonsHelper et ses petits frères), mais rien d'opérationnel pour notre affaire. C'est assez normal quand on y pense, puisque le principe de Commons, c'est qu'on met tous les fichiers dessus, pas qu'on les en enlève (sauf cas de force majeure). Divers essais infructueux, découragement. Ça a commencé à traîner en longueur. Puis on m'a indiqué un script qui sait faire ça. Je me suis un peu rencardé sur pywikipediabot, j'ai installé le bousin, j'ai fait un essai. Concluant.

À titre personnel, je ne suis pas tellement pour les exceptions autoproclamées à l'interdiction du fair use de la prise de décision sus-mentionnée. Enfin, c'est mon histoire, je limite au maximum mes imports dans ce cadre, je n'ai absolument pas envie de retrouver mon compte (qui me sert à faire mes histoires comme je veux, sans rien demander à personne — ou presque) noyé sous des centaines de photos au statut tangent qui ne sont pas de moi (et que je ne revendique pas). Donc j'ai créé un compte secondaire pour faire les transferts. Comme le script marche avec un chose qui s'appelle « bot », je me suis dit comme ça (quelque chose de pavlovien) qu'il fallait un botflag. Direction la page de botflaguisation où il est dit qu'il faut faire quelques dizaines d'édits avant de présenter son bot. Bien sûr, ça ne marchait pas avec mon nouveau compte. Bwaaaaaaaaaaaaaaaaah !

Je me suis dit en moi-même : « Petite tête, tu as un compte tout neuf, c'est normal que tu n'aies pas les droits pour importer des fichiers. » J'ai espéré un temps que le botflag me donne les droits idoines pour faire tourner un script qui s'appelle « bot », naïf que j'étais. J'ai donc demandé le flag. Et devinez quoi… ça ne marchait toujours pas. Bwaaaaaaaaaaaaaaaaah !

J'ai demandé des conseils à un champion des bots (j'étais prêt à sous-traiter mes basses œuvres) qui m'a dit : « Petite tête, c'est normal que ça ne marche pas, c'est que les admins qui peuvent faire ta manœuvre, parce qu'ils ont le reupload-shared, je ne peux pas t'aider. » De là, deux possibilités : faire donner à tous les bots le reupload-shared, ou bien obtenir les droits d'admin pour mon petit robot. La première me semble la plus raisonnable, mais visiblement la communauté n'est pas d'accord avec moi, donc allons-y pour perdre encore 2 semaines en élection administratoriale. Succès.

Je me retrouve donc à la tête de deux comptes admin (je bloque sans préavis le premier qui fait un commentaire désobligeant — comment ça, je vous ai prévenu ?)
Et non seulement je collectionne les balais, mais encore j'ai essayé mon bot. Après quelques cafouillages au début (un fichier qui refusait de comprendre qu'il fallait se charger, etc.), la centaine de photos de Royan est passée. Succès.

On va me dire que je n'ai pas « besoin » du botflag. Oui, mais non. Ce n'est certes pas un besoin vital, mais :
  • D'un point de vue social, le botflag entérine le fait que c'est un compte secondaire dédié à une tâche précise.
  • De mon point de vue, ça me permet de ne pas me soucier de timing quand je promène les photos, bref, je ne floode pas les Rechent Changes. Je peux le faire quand je veux, même aux heures de pointes, sans encombrer les patrouilleurs.
  • Et puis le botflag fait sortir les fichiers de [[Special:Newimages]], ce qui me laisse cette page opérationnelle pour repérer les images qui ne devraient pas être importées (celles que je manipule sont a priori déjà triées).

Voila pourquoi et surtout comment je suis l'heureux gérant d'une étrange chimère de Astro le petit robot et Kiki la petite sorcière (et son balai).

6 commentaires:

Proxybot a dit…

Copain !

Maurilbert a dit…

Mais ça, c'était sans compter sur cette grosse buse de CommonsDelinker qui, évidemment, supprime les liens vers des images supprimées de Commons, sans vérifier si lesdites images n'existent pas par hazard en local. Ben oui, Commons est le Roi-Soleil des projets Wikimedia, si ça existe pas sur Commons, ça ne '''peut''' pas exister ailleurs.

PS : félicitations pour ton deuxième balai :)

Anonyme a dit…

> je n'ai absolument pas envie de retrouver mon compte noyé sous des centaines de photos au statut tangent qui ne sont pas de moi (et que je ne revendique pas)

Pareil, c'est pourquoi je ne peux que dire « bwaaah » en soutien à ton bot (et apprendre Python).

@Maurilbert : ça m'est déjà arrivé de supprimer des liens vers des images locales en faisant le ménage à la main. Elles étaient signalées par le CheckUsage, mais c'était facile de se planter. CommonsDelinker a au moins l'avantage de garder des journaux de ce qu'il fait. Tu as regardé si le bug était signalé ?

Anonyme a dit…

J'y pense : est-ce qu'on a quelque part une liste/un tableau indiquant quelles Wikipédias locales acceptent le Fair Use, et sous quelles conditions ?

Jean-Fred a dit…

@Jastrow : Ya Meta:Non-free content. Aucune idée de si c’est complet/à jour.

Rhadamante a dit…

trois bon mois de galère, et deux nuits pour se vider ?

(caaaaargo deeeeeeeeeuuu nuiiiiiit; oui je sais, ça sert à rien, mais c'est la première chose qui m'est passée par la tête quand j'ai vu le titre du billet)

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