samedi 27 août 2011

Retouche photo II

Il semble que je suis passé un peu vite sur le redressement de perspective en renvoyant sur un tutoriel antédiluvien (actualisé en 2008) en anglais (on trouve encore plus vieux en français : 2003), d'autant que le logiciel évolue.
En fait, je trouve rigolo de vous avoir laissés tout seuls comme des grands pendant deux jours, donc je relève les copies et je vais me marrer à les corriger. Et comme je suis sympa dans le fond, je vous donne le corrigé. Mais comme j'ai une bonne couche de vice au-dessus, je continue de m'acharner sur la photo d'Erdrokan (si vous voulez suivre la manœuvre).
Mairie de Souprosse, par Erdrokan (Travail personnel) [GFDL (www.gnu.org/copyleft/fdl.html) ou CC-BY-SA-3.0-2.5-2.0-1.0 (www.creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons.

Il faut savoir que hugin est un logiciel qui sait faire du panorama par assemblage de plusieurs photos (il est prévu pour ça, l'interface et les automatismes sont prévus pour ça), et qu'on va lui faire faire des trucs qui lui servent quand il fait un pano, mais d'une façon un peu détournée. Du coup, c'est rigolo.

Pour commencer : on lance hugin (parce qu'on l'a déjà installé, je ne vais pas non plus vous materner).
Puis on met la photo dedans soit en la glissant depuis un explorateur, soit en tapant sur [charger des images].
Dans ce cas précis, ça se passe bien. Toutefois il se peut qu'hugin se pose des questions existentielles sur le « champ de vision » et la nature de l'objectif s'il ne trouve pas ce qu'il aime dans les métadonnées EXIF (en particulier si vous travaillez avec l'aperçu affiché par Commons), auquel cas il faut juste lui dire de lâcher l'affaire, ce n'est pas vital pour ce qu'on a à faire aujourd'hui (cliquez abandonner).
La photo est chargée dans Hugin.

Points de contrôle

Maintenant on commence le seriouz bizness.
L'idée est de dire à hugin où sont les verticales et les horizontales sur la photo.

Dans un plan, il existe une unique droite passant par deux points distincts, vous avez tous appris ça en primaire. Donc on a besoin de lui donner des paires de points qui donneront soit une verticale soit une horizontale.

Pour une photo prise avec une bonne optique [c'est-à-dire qui ne fait pas de distorsion en barillet ou en coussinet] (je pars du principe que pour la photo de cette semaine ça va), on a besoin de donner deux verticales et deux horizontales, et tant qu'à faire éloignées deux à deux. Si on lui donne moins, il fait un truc (des fois c'est bon, des fois non), si on lui donne plus ça marche, mais ça fait plus de travail pour nous.
Digression : pour soigner la distortion, il faut donner au moins trois horizontales et trois verticales « judicieusement » placées.

Ça se passe dans l'onglet « Points de contrôle ». Tant que j'y suis, je lie vers tout un tas de trucs dans le manuel (même si je n'y ai jamais rien compris), des fois que ça vous inspire.
Dans l'onglet « Points de contrôle »…
 L'interface est prévue pour trouver les points qui se correspondent entre deux photos, c'est pour ça que la fenêtre est coupée en deux. Comme on n'a qu'une photo, elle est affichée deux fois. Le but du jeu est de faire les lignes horizontales et verticales.
On clique sur un point dans l'aperçu de gauche, ça crée un point, et on clique à l'autre bout de la ligne dans l'autre aperçu, et ça fait un point (normalement), donc on a une ligne. Les points sont repérés par un numéro dans chacun des aperçus et dans la liste des points en-dessous, avec ses coordonnées, son alignement et une distance :

  • les coordonnées, ça se passe de commentaire ;
  • pour l'alignement, on a le choix entre normal, ligne horizontale et ligne verticale. Ici, on ne se sert pas de normal, par contre si on se trompe entre vertical et horizontal, ça ne va pas marcher ;
  • la distance, on ne s'en occupe pas pour l'instant.
Il faut aussi se méfier des trois cases à cocher en bas à droite : ça sert à trouver des

  • ajustement précis automatique, /!\ attention /!\ ça cherche des similarités entre les points sur les deux aperçus et ça déplace quand ça juge nécessaire un des points (du coup, ça peut tout faire foirer assez facilement) ;
  • ajout automatique, ajoute automatiquement le point, sans laisser le temps de l'ajuster a priori (on peut toujours le faire après) ;
  • estimation automatique, on n'en fiche, ça ne marche pas (ça retrouve le point similaire sur la seconde photo quant on lui donne un point sur la première, mais comme on n'en a qu'une…)
Et si on me demande comment je mettrais les contrôles, je les mettrai plus ou moins comme ça :
Emplacement des contrôles.
Cas cauchemardesque.
Dans le principe, j'essaye de m'attacher à ce que je sais être vertical ou horizontal (assises de maçonnerie, bandeaux, corniche, angles, redents…) et je me méfie de ce que je sais ne pas l'être (sol, gouttières, colonnes galbées…). Et je vérifie que ça correspond (il y a des cas où on n'a pas de référence fiable, voir ci-contre) sur la photo.
Ici, je me méfie en particulier des angles du bâtiment, parce que visiblement mur change de nu au niveau du bandeau (l'étage est plus renfoncé de quelques centimètres que le rez-de-chaussée) et des zingueries du toit (le genre de truc qui peut se gondoler facilement).
Murs ventrus (pas verticaux)
les menuiseries sont verticales.

Il faut se méfier des murs, qui ne sont pas toujours verticaux (par construction ou par déformation). Par contre les fenêtres le sont plus souvent (sinon ça ne s'ouvre plus et on la remplace), a fortiori les fenêtres des parties privatives (allez vous mettre d'accord avec vos copropriétaires pour changer la fenêtre de deuxième étage de l'escalier de service).

C'est l'étape où il faut être attentif.

J'estime que vous avez eu le temps de mettre tous vos points pendant que je parlais, je passe à la suite.

Optimisation

Arrivés là, on a presque fini, le plus dur est derrière nous. Courage !

Tout de suite, on va régler la projection, pour éviter de se retrouver avec un machin tout déformé où les droites ne le sont pas.
On va dans l'onglet « Assemblage », juste pour changer la projection. C'est par défaut sur équirectangulaire, il faut mettre rectilinéaire (c'est la façon de dire des infographistes pouet-pouet et ignares pour la projection conique sur un plan telle qu'on la connaît depuis Brunelleschi en 1415 et qu'on appelle perspective conique, rien de neuf sous le soleil, mais c'est ça qu'on veut).
Ne lisez pas le paragraphe ci-dessus, faites comme ça.
 Ça, c'est fait.

Maintenant on va dans l'onglet « Optimisation ».
Là, normalement, il n'y a qu'à tout laisser tel quel et cliquer sur optimiser. Ça calcule un peu et ça demande si on est content. Si on a bon, les valeurs sont proches de zéro.
Résultat numérique de l'optimisation.

Répondre que oui.

Digression : Si vous avez des problèmes de barillet ou de coussinet, j'espère pour vous que vous avez lu la digression précédente et que vous l'avez appliquée. Ici, dans la liste de choix, choisissez « les positions et la distorsion en barillet (y, p, r, b) », ça devrait faire la blague.

Sortir le fichier de la machine

Bon, là, il n'y a plus moyen de se planter.
Tapez sur le bouton au-dessus des onglets qui ressemble à une colline verdoyante, et qui a « GL » écrit dessus, c'est l'aperçu rapide.
Cool, je vois rien sur l'aperçu !
Maintenant, onglet Projection, cliquer sur « remplir », normalement ça marche, je ne mets plus de capture d'écran.

Ensuite, si le noir qui est autour de votre photo vous gêne, allez dans l'onglet recadrage, essayez le recadrage automatique, modifiez si vous voulez (il y a 2 jours, j'avais préféré faire mon recadrage à la main).

Fermez la fenêtre d'aperçu, revenez dans l'onglet « Assemblage », faites vos petits réglages :
  • je tape sur Taille du canevas : … [calculer la taille optimale], ça fait que la taille (en pixels) du fichier de sortie est en rapport avec celle du fichier d'entrée ;
  • dans format, je demande un JPEG, et je mets la qualité à 97 (c'est la qualité du fichier d'entrée) ;
  • et je laisse tout le reste tel quel.
[Enregistrez et envoyez au traitement par lot], puis flèche verte.
Ou bien [Assemblez maintenant].
Résultat (je remets celui de la dernière fois).

Bonus

Je me suis planté, j'ai trop essayé d'optimiser dans tous les sens, je veux recommencer sans remettre les points un par un, comment je fais ?
Onglet « Images », sélectionner l'image dans la liste, et taper sur « valeurs par défaut ». Ça dés-optimise.

Et merci Erdrokan d'avoir essayé et de m'avoir montré comment ça pouvait foirer, j'ai essayé de tout couvrir, s'il y a des manques, on fera des patch.

2 commentaires:

Erdrokan a dit…

Déjà un grand merci pour ces précisions
(je me permets un aparté : ou bien tes nombreux lecteurs font pas de photos, sont des pros en retouche, sont timides ou sont fainéants... enfin bon j'ai un prof particulier, c'est bien, merci coach :D )

Deux petits trucs
1/ Dans la partie "assemblage", est-ce que tu laisses les "sorties de panorama" en "panorama à faible dynamique et correction d'exposition" ? (c'est masqué par le menu déroulant de "projection")

2/ "Dans format, je demande un JPEG, et je mets la qualité à 97 (c'est la qualité du fichier d'entrée). " <- tu le sors d'où ce 97 (question de Béotien)

Je t'envoie par mail les résultats de mon trav... de mes erreurs :)

Coyau a dit…

Réponses rapides :
1/ Oui, je laisse tout ce dont je n'ai pas parlé comme c'est par défaut.

2/ Ça vient des réglages de l'appareil photo, et ça se voit quand tu ouvres la photo avec GIMP, quand tu l'enregistres à nouveau il te propose de régler la "qualité" (en fait, c'est le taux de compression), et il y a un bouton qui permet de conserver le paramétrage, et là tu vois 97 %.

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