mardi 17 juillet 2012

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,…

… et les mots pour le dire arrivent aisément.

J'ai toujours trouvé cette phrase idiote (désolé, Boileau) parce que c'est le genre de phrase toute-faite qu'on utilise pour te faire comprendre que tu es un abruti de la toute première espèce, et que tu n'es même pas fichu d'avoir la moyenne à ton devoir de français, et qu'en plus ne m'interromps pas quand je t'engueule, ça m'énerve.
Mais des fois…

Tout à l'heure, je lisais un article de Wikipédia en français qui parle de pronoms personnels japonais. J'avais déjà entendu Amélie Notomb se répandre sur la complication qu'il y a à parler japonais à des gens (oui, parce que parler tout seul, c'est à la portée de tout le monde) quand elle vendait son bouquin, je sais plus lequel… Donc bon, je savais que c'était compliqué, et comme je ne parle pas un mot de japonais, ça a l'attrait exotique des îles du grand large désertes, mouillées d'embruns et plantées de cocotiers.

Ma soirée d'explorateur linguistique aura somme toute été bien courte, parce que le gros du texte de l'article (où je m'attendais à trouver des explications détaillées sur tout un tas de trucs dont j'ignore jusqu'à l'existence, naïf que j'étais), après une vague liste des pronoms des deux premières personnes (dois-je conclure qu'il n'y a pas de troisième personne en japonais et qu'on ne peut parler que de la personne à qui l'on parle ?) est en forme de mise en garde :
À moins de parfaitement maîtriser le japonais, il est recommandé de ne pas employer les pronoms personnels de la deuxième personne. […]
Grosso-modo : c'est un truc vraiment trop compliqué pour toi, tu peux pas comprendre, ne l'utilise jamais-jamais sinon tu vas déclencher une catastrophe apocalyptique avec des tremblements de terre, des éruptions volcaniques et des tas de tsunamis, Tokyo va se faire bouffer par un lézard géant et tu vas te faire mordre par un rat. Et en plus, tu seras bien embêté, parce que tu vas te casser la binette et ta montre sera cassée. Déconne pas ! Fais jamais ça !

Sérieusement, les mecs… quand vous expliquez un truc sur Wikipédia, expliquez-le, c'est tout. Ne perdez pas votre temps (et le mien) à vous plaindre que c'est compliqué : tout le monde s'en fout et personne ne comprend rien.

mercredi 4 juillet 2012

[[Boson de Higgs]]

Aujourd'hui, conférence de presse au CERN, on annonce la découverte de l'article de Wikipédia sur le boson de Higgs.

Théorisé dans les années 1960, l'article a été créé en octobre 2004. Il a été développé gentiment tout au long de ses 360 edits par 171 éditeurs différents (à l'heure où nous mettons sous presse).

L'article tournait jusqu'à il y a trois jour entre les 400 et 500 pages vues par jour, mais à l'annonce de la future annonce le trafic a sensiblement augmenté, atteignant un pic de 8 241 hits hier.
Capture d'écran du compteur de visites de l'article [[boson de Higgs]], ce matin.
Il y a fort à parier que la découverte de cet article va se continuer dans les jours à venir, et que l'effet de longue traîne permettra à de nombreux internautes de se tenir informé des activités sub-lacustres de la région du Léman.

Edit : Le 4 juillet 2012, jour de l'annonce, le compteur a enregistré 84 049 visites.

mardi 29 mai 2012

Statistiques

Je m'étais dit qu'il fallait parler d'adverbes. J'avais noté ça, c'était important. Et puis en fait non, c'est comme les panaris, les adverbes : faut que ça mûrisse.
Et là, c'est pas mûr.

Je peux faire des statistiques sans les mains. Et l'avantage des statistiques sans les mains, c'est que ça ne peut pas faire de panaris, forcément.

Donc, les chiffres du mois d'avril, pour Wikipédia en français :

Anatoli Bugorski, le mec qui existe, qui a eu un proton dans le crâne, la tête dans l'accélérateur de particules et qui n'a pas d'article en français… Et bien, il n'a pas été vu en avril — et pour cause : il n'existe pas.

Fantasy Mission Force, le film qu'on aime regarder se décomposer, vague remake des 12 salopards, avec des amazones anthropophages et des clowns en kilt (moi aussi, j'ai renoncé à comprendre, mais j'ai bien rigolé), a été vu 114 fois en avril. Enfin, le film… l'article du film, je me comprends.

Meteor Apocalypse, le film dont la morale est qu'en cas de pluie de météores, il faut courir vers la droite sinon on meurt (ça doit être politique, comme message), a été vu 159 fois en avril.

Super Timor, le truc de 30 secondes qui ne se passe pas au Timor du tout, où trois mecs se filent des baffes sur un canapé, a été vu 253 fois en avril.

Barbie et les Trois mousquetaires, ce film, dont j'ai déjà parlé, et qui n'est pas un porno (comme je ne sais plus qui me disait que le titre laisse entendre), a été vu 364 fois.

Abraham Lincols, chasseur de vampires, le film que personne n'a vu parce qu'il n'est pas sorti (c'est prévu pour entre juin et août courant selon les pays) a été vu 1502 fois en avril.

Vous remarquerez que je garde ça concis, avec un petit échantillon représentatif (parce que ma calculette est en rade de piles) selon la méthode du doigt mouillé. Ça, ça fait une bonne note méthodologique.

Maintenant les conclusions.

Vous remarquerez que l'ordre alphabétique ou le classement par nombre de caractères dans le titre n'ont aucune incidence sur le nombre de vues. Ni dans un sens ni dans l'autre. Ni même dans les deux sens en même temps (oui, je sais, je suis très souple).

D'ailleurs le nombre de mots n'a non plus aucune influence. Ni dans un sens ni dans l'autre. Ni dans les deux sens en m… oui, oh bon, ça va, hein ! je vais pas le refaire à chaque fois non plus. Les contorsions, ça va un moment, et puis ça va bien !

Mais quand on compare l'intérêt et le nombre de visites, tout s'éclaire : plus c'est passionnant, plus les gens ne lisent pas. En même temps, je dis ça pour dire quelque chose, et plus je regarde mon classement par ordre d'intérêt, plus je me dis que je suis d'accord avec moi-même.

Faudra vraiment que je vous parle d'adverbes, c'est important...

Oui oui.

lundi 23 avril 2012

Réglages des couleurs

Ça fait quelques mois que je repoussais ce billet de la série je bricole mes photos en espérant que ça va les améliorer. Peut-être par flemme.

Toujours est-il que j'ai trouvé deux photos qui devraient me permettre de faire le tour de la question de la couleur, d'un point de vue pratique.
Et pour l'occasion, je vais sortir l'artillerie lourde : le cercle chromatique, qui permet de visualiser les choses. Comme d'habitude, il est tout à fait possible de faire la même chose avec des logiciels très chers, je travaille avec du gratuit et libre : GIMP).

Première photo, la photo trop rouge

On m'a un soufflé que la série de photos était trop rouge.

J'entoure sur le cercle chromatique la teinte principale de la photo, la flèche montre la teinte qu'elle devrait avoir. Le but du jeu va être de décaler les couleurs.
Pour ça, il existe une fonction dans GIMP, qui s'appelle teinte-saturation (et l'aide en ligne est ici) et qui permet entre autres de modifier la teinte (ce qu'on veut faire ici). Ça se trouve dans le menu Couleurs.

On veut ajuster l'ensemble de la photo, vu que dans l'ensemble, elle est trop rouge, donc on ne sélectionne pas de couleur dans le graphique en haut, on reste avec Maître, qui ajuste toutes les couleurs, et on tripote le curseur qui s'appelle Teinte.
Faites vos essais, je trouve qu'avec 10, ça fait pas trop mal.
avant/après
Pour une photo trop « chaude », il faut aller à droite et pour une photo trop « froide », il faut aller à gauche.
Si vous ne comprenez pas cette phrase, relisez Johannes Itten — dont les cours sur la couleur au Bauhaus sont publiés sous le titre Art de la couleur —, le chaud, c'est tout ce qui est dans la moitié du rouge-orangé, et le froid, c'est ce qui est de l'autre côté, dans la moitié du bleu-vert.

Seconde photo, la photo où on sait pas trop ce qu'avait l'appareil dans la tête

Il faut dire que j'ai longtemps regardé cette photo en me demandant comment un appareil photo pouvait être autant déréglé, et comment on pouvait l'améliorer. Jusqu'au moment où je me suis fait botter le train pour écrire ce billet.
J'ai commencé par essayer la méthode ci-dessus (parce que des fois, je saute des étapes — des fois ça marche, mais visiblement pas toujours). Si on n'a pas envie de faire un chose de science-fiction sous acide, ça ne marche pas. Retour au cercle chromatique.
Ici, le monument est bleu, alors qu'il devrait être dans les tons crème (entre le jaune et le orange pâle), et les arbres sont vaguement verts (peut-être un peu trop bleus). Donc il ne s'agit plus de décaler les teintes, mais de rééquilibrer les choses entre les couleurs complémentaires (celles qui sont diamétralement opposées sur le cercle chromatique).
La fonction de GIMP qui sait faire ça s'appelle balance des couleurs (aide ici), elle est accessible par le même menu Couleurs, parce que le monde est bien fait.

Je n'ai jamais bien compris le pourquoi des intervalles à ajuster, donc je laisse le réglage d'usine demi-teintes, ça doit être un truc très subtil. Et on joue avec la tirette jaune-bleu.
jaune-bleu

Là, on se rend compte que c'est trop vert, donc on ajoute du magenta.
magenta-vert

Et puis comme ça reste un peu froid, on remet un peu de rouge.
rouge-cyan
Et on a une photo qu'on peut sans doute améliorer, mais qui choque nettement moins l'œil.
La tombe de Cherubini,
qui n'aurait pas l'air d'avoir passé des années épinglée au soleil.

jeudi 12 avril 2012

Insomnie

Ça a commencé comme ça.
Je suis tombé sur l'article Nico la licorne. Impossible de me souvenir comment.  Et j'ai été pris d'une compassion aussi soudaine qu'inexplicable.
J'ai sorti le machin à faire des fiches cinéma d'Okki « tout en faisant gagner du temps ».
Puis j'ai cherché des interwikis (si vous êtes d'humeur anglophone, il y a tout une tartine de racontage d'histoire , à laquelle je n'ai pas touché) et des catégories.

Et c'est à ce moment que tout a basculé. Il y a sur Wikipédia en français une catégorie pour les licornes de fiction. Pas les vraies, celles de fiction, les fausses, celles qu'on trouve dans les téléfilms canadiens des années 1990, celles qui s'appellent Nico ou Charlie.
Les vraies licornes ont leur catégories à elles, bien tranquilles. Faut pas mélanger.

Et puis le téléphone a sonné. C'était la Méchante Sorcière de l'Ouest, qui cherchait des chaussures.
En raccrochant, j'ai réalisé qu'on n'était plus dans le Kansas, et qu'il fallait faire quelque chose. Donc j'ai fait ce qu'il fallait.
A man's gotta do what a man's gotta do.
Puis j'ai appris que « dans Rio Bravo, John Wayne porte la même ceinture que sur la Rivière rouge. »

Et là, je suis tombé dans une faille spatio-temporelle.

Quand j'en suis sorti, j'étais devant Main Street. Enfin, pas l'article, parce qu'il n'existait pas encore, le film de 2010. L'autre film (en 2010, Colin Firth a fait The King's Speech, dont tout le monde a entendu parler, que tout le monde a vu et Main Street, que nous appellerons donc l'autre film, parce qu'on ne peut pas vraiment l'appeler autrement).
C'est un film qui ne raconte rien, avec Colin Firth qui vend des déchets toxiques en faisant des grimaces pour faire un accent texan douteux, et Orlando Bloom en uniforme de flic. Le tout en Caroline du Nord.

Comme il ne fallait pas que ça se perde, j'ai créé l'article vite fait, et je l'ai mis sur ma liste des films improbables dont je suis fier d'avoir créé l'article, et j'ai remonté la Caroline du Nord en tête de ma liste des endroits où ne pas aller.

Et j'ai réalisé que la nuit était finie.

Bonjour.

mercredi 4 avril 2012

{{LargeImage}}

Aujourd'hui, un robot est passé sur Commons par la photo de mon vélo pour mettre un avertissement rose.
Photo de mon vélo.

L'avertissement rose dit :
Certains navigateurs peuvent avoir des difficultés à afficher cette image à sa résolution complète : elle possède un nombre de pixels singulièrement élevé et peut ne pas se charger correctement ou faire planter votre navigateur.

C'est sans doute la faute à mon vélo : s'il m'a déjà planté, il peut planter votre navigateur (je suis aussi un très bon navigateur, personnellement, et même sans GPS — j'ai des témoins). Faites gaffe. Rigolez pas avec ça.

En même temps, ça pourrait être pire.

Avertissement rouge :
Si votre navigateur n'a pas encore planté, c'est que votre connexion merde grave. Allez prendre un café et passez à autre chose, votre ordinateur a fait un infarctus du myocarde en comptant des pixels.
Avertissement écarlate :
Votre navigateur est complètement débordé, vous allez retrouver des morceaux de jpeg sur votre bureau. D'ailleurs votre carte graphique vient de griller. C'est une chance que vous ayez un lecteur d'écran et des haut-parleur
Avertissement noir :
Vous regardez une image tellement massive qu'un trou noir devrait se former au centre de votre écran. Dans cinq seconde le monde va être aspiré dedans. Arrêtez de jouer au con, ré-activez le javascript, que je débranche votre ordinateur à distance avant qu'il ne soit trop tard : je ne veux pas mourir.

vendredi 16 mars 2012

La photo qui bouge toute seule.

En retombant sur IWDRM (tumblr dont j'ai renoncé à comprendre le titre, mais sur lequel je tombe tout à fait par hasard avec la précision d'un métronome tous les trois mois), [là, on va dire que j'ai une chute à ma phrase, vous allez être gentils. C'est d'autant plus con que ça partait bien, mais pour la seconde moitié, je sèche complètement. Tant pis.]

Bref, toujours est-il [parce qu'on ne va pas se laisser démonter par un raté au démarrage comme ça] que ça s'appelle (selon des gens mieux informés que moi) cinemagraph en anglais et en italique dans le texte. Un truc prétendument inventé pour vendre des robes très chères, toujours selon les gens informés. Personnellement, j'ai comme le sentiment que la technique a juste été re-pompée, bien re-packagée et déposée, mais je ne suis pas tellement bien informé, c'est juste un sentiment. C'est donc un GIF animé bien fichu avec un .
Mais avec un peut de travail, ça peut être poétique, amusant ou carrément flippant.

Côté Wikipédia, il y avait un article en roumain. Donc j'ai traduit l'article anglais en français. Sans ouvrir la version en castillan. [Je ne cherche même plus de logique, je fais juste du link-dropping, comme ça, vous avez un aperçu des interwikis. Faites comme si ça vous intéressait.]

Le truc cool, c'est qu'il y a une catégorie sur Commons, avec cinq fichiers dedans, d'intérêt variable.

Le plus fort, c'est que MediaWiki n'est toujours pas fichu de redimensionner un GIF et de l'animer. C'est vraiment bravo, après plus de 10 ans, voila.

Tout ça pour dire qu'il doit y avoir moyen de moyenner pour trouver une utilité à ce truc-là, et d'illustrer des articles avec ce genre de chose. [Vague impression d'essayer en vain de ré-inventer l'eau tiède.]
Donc bref, vous avez un appareil photo qui filme un peu (ou un téléphone), expérimentez, amusez-vous, faites-vous plaisir. Le modèle en papier est voué à la faillite, essayez de passer à autre chose. [Du coup, je suis affligé en lisant [[photographie numérique]] de constater que la seule finalité du truc pour les rédacteurs, c'est l'impression papier. Mais c'est une autre histoire. Ou pas.]