mardi 6 mars 2012

Autopsie d'un garde-boue

Pour une fois que je ne voulais pas pousser sur la bouteille, il m'est arrivé un truc pas commun en rentrant de refaire le monde très sobrement.

Il était pas loin de 2 heures du mat', Paris, place de la République, moi sur mon vieux vélo qui rentre me coucher.
Je dis mon vieux vélo, parce qu'il commence à avoir bien vécu. Il roule toujours, c'est ce que je lui demande (c'était pour ça que je l'avais acheté), mais il commence à avoir du kilométrage. Comme toutes les vieilles carnes, il faut le connaître pour en faire à peu près ce qu'on en veut, et ne pas lui demander ce qu'il ne peut plus faire. Un vieux vélo, quoi. Je l'avais acheté il y a quelques années, une entrée de prix dans un magasin de sport pour citadins, qui vend aussi des chaussettes et des maillots de bain, juste ce qu'il me faut pour me déplacer sans avoir à attendre le métro.

Il y a quelques mois, les garde-boue ont commencé à vivre leur vie.
En rouge, les attaches du garde-boue.
À l'origine, il y avait deux boulons : un derrière le pédalier et un sous le hauban, pas loin de l'attache du frein (pour ceux qui ne connaissent pas l'anatomie d'un vélo, voir ce schéma), et à l'arrière, il y a un truc en fil de fer qui revient de part et d'autre de la roue jusqu'au moyeu.
Il y a quelques mois, le plastique du garde-boue autour du boulon du hauban s'est déchiré. Du coup, ça faisait un bruit de fou furieux dès que je passais sur des pavés. Je trouvais ça cool, j'économisais sur la sonnette.
Et là, le plastique autour du second boulon s'est déchiré à son tour. Du coup, le garde-boue a commencé à frotter sur le pneu, il a été entraîné, et il est passé sous la roue en tordant les fils de fer. Et il est resté là.

Constat en passant : le garde-boue adhère nettement moins que le pneu. C'est peut-être pour ça qu'on ne roule pas sur les garde-boue.

À ce moment-là, j'étais engagé de la place de la République entre 15 et 20 km/h, plus ou moins devant le magasin où j'avais acheté le vélo, soit dit en passant, et je commençais à freiner pour m'arrêter au feu. Je sais, c'est bête de s'arrêter au feu à un carrefour dont toutes les incidentes sont fermées pour cause de travaux, à 2 heures du matin, quand il n'y a pas de piétons, mais c'est comme ça, je m'arrête aux feux.
Donc, je freine tout doucement. Mais le garde-boue arrière est passé sous la roue à ce moment-là. Donc la roue arrière n'a rien voulu savoir de mon freinage, elle a continué à la même vitesse, et elle m'a doublé par la droite. Un bon début de tête-à-queue. Et en même temps, le vélo s'est couché sur la chaussée, tout gentiment, sans à-coups.
Je me suis retrouvé assis sur les fesses, à glisser très dignement sur une distance assez impressionnante, en regardant mon vélo qui s'éloignait en tourbillonnant et les voitures qui arrivaient. Le feu précédent était passé au vert.
Quand je me suis arrêté de glisser, je me suis relevé, j'ai mis mon vélo sous mon bras, et je suis allé sur le trottoir. Et les voitures sont passées au loin.

Bilan : moi, rien, pas même un trou au fond de la culotte, juste une bonne histoire à raconter. Par contre, je pense que ce garde-boue est irrémédiablement perdu pour la cause, il va falloir que je trouve un moyen de le démonter, parce qu'il est bien coincé.

Désolé pour ceux qui auraient aimé voir la cascade en ogg theora sur Commons, j'étais sur le moment assez préoccupé à ce que je faisais, même si c'était complètement absurde et que j'en avais conscience. On pourrait lancer un chose du genre CommonsoGag, certes. Ou je peux penser à faire cascadeur dans les grosses productions américaines. Pourquoi pas.
La prochaine fois que je reste sobre, envoyez-moi quelqu'un avec une caméra, on verra ce qu'on peut faire.

samedi 18 février 2012

La tête du client

Pas gâté par la nature, il arriva enfin en âge de pousser au suicide qui il voulait et quand il voulait, sans se faire tirer l'oreille par sa vieille nourrisse bègue.

— Cool, se dit-il un matin, il fait beau.

Il sauta du lit et enfila ses pantoufles. Il téléphona sans plus attendre à un sculpteur qu'on lui avait chaudement recommandé la semaine précédente au cours d'une partie de dominos.

[ici, quelques épisodes passionnants avec une tartine beurrée et un bol de chocolat chaud, etc.]

Paul Strudel Kurfürst Johann Wilhelm von der Pfalz BNM img01
Le portrait en buste sentait bon le neuf.
Le sculpteur se recula pour lui laisser admirer son œuvre plus à loisir. Le portrait en buste sentait bon le neuf.

— J'ai fait ce que j'ai pu pour vous mettre à votre avantage, monseigneur. Il est vrai que ces perruques montantes et ces jabots de dentelle flottant au vent sont un peu passées de mode, mais quand on a une complexion… il se racla la gorge, cherchant ses mots.

Comme il ne trouva rien à dire, il se tut.

Il se demandait en lui-même comment on pouvait avoir autant de pouvoir et une si sale tronche. Cependant, il n'en laissa rien paraître.

— Ma femme n'était pas très sûre que les implants soient une bonne idée sur l'épaule droite, mais ma belle-sœur trouvait que ça donnait un air un peu comme ça : hop !

Il fit un geste un peu étrange qui commençait vaguement comme un pas de polka, se prit les pieds dans le tapis et se mit un coup de poing au menton.

— Hum, murmura le puissant, sans tourner la tête.

— Je ne sais pas si vous avez vu les détails de l'armure, reprit l'artiste. J'y ai mis tout mon cœur.
L'autre ne répondit pas, il en avait assez.

— Caramba, encore raté. Mettez ça au musée ou à la décharge. Je ne paye pas pour cette face de raté.

[dialogue plein d'esprit, 2 ou 3 pages]

Et le sculpteur se suicida.
Paul Strudel Kurfürst Johann Wilhelm von der Pfalz BNM img02
Je ne sais pas si vous avez vu les détails de l'armure, reprit l'artiste.

— FIN —

Personnellement, si j'avais pu choisir ma tête, j'aurais pris un truc qui dépasse la poignée de pétards d'une bonne longueur, un truc qui ferait passer le brushing de Clint Eastwood pour minable, dans le genre de ça :

Andrew Jackson - bust
Coiffure de président des États-Unis, l'année du siège de Fort Alamo
(30 ans avant l'invention de la dynamite).

jeudi 16 février 2012

Things

Dans le genre Other (comprendre : constat d'échec d'un mode de classement), mais qui cette fois me fait plus dubiter que sourire, voici la catégorie que je ne comprends pas du jour (en fait, il y en a plusieurs).

Depuis une éternité, il y a des catégories publicitaires sur Commons, où sont regroupées les photos par modèle d'appareil photo (ici, la catégorie mère). Ce sont des catégories cachées, elles sont remplies volontairement par les photographes (je n'ai vu personne repasser sur les photos des autres pour ajouter ce genre de catégories, mais je n'ai pas regardé très fort non plus), donc l'honneur est sauf (flickr fait ça automatiquement à partir des données EXIF et publie des statistiques).
Comme pour toutes les publicités, l'argument est qu'on peut s'informer sur les capacités du matériel avant de l'acquérir. Pourquoi pas, à près tout.
Comme pour toutes les catégories qu'on remplit, il y a de plus en plus de fichiers dedans. Du coup, au bout d'un moment, quelqu'un se dit qu'il faut faire quelque chose, et il passe à l'action : il se met à sous-catégoriser. Sur le fond, pourquoi pas. Reste à voir sur quels critères…
En ce qui concerne mon appareil photo, on a maintenant le choix entre (par ordre alphabétique) :
  • Art,
  • Buildings (dont Bridges, parce qu'il y a des sous-catégories aux sous-catégories),
  • Food,
  • Nature,
  • Peoples,
  • Things,
  • Transport (dont Bridges et Streets).
Sérieusement…

Donc on est en train de remonter une arborescence de catégories cachées parallèle à toute l'arborescence de catégories visibles, parce qu'on a une catégorie cachée avec 10 000 fichiers dedans.

Si on veut à toute force sous-catégoriser ce genre de foutoir, pourquoi ne pas faire des catégories qui suivraient l'argument de l'information ? Pourquoi ne pas trier en fonction des réglages, au hasard la sensibilité ISO, qui ont une influence notable sur la qualité de la photo (bruit), histoire d'avoir des critères tangibles de jugement du matériel ? Évidemment, ça demande un peu plus de travail que de passer un coup de cat-a-lot (gadget pas mal du tout, soit dit en passant), il faudrait monter un script qui sait lire les EXIFs… ou ouvrir toutes les pages à la main.

Donc voila. Pour tuer une catégorie, on la sous-catégorise en Things et le reste. Pourquoi ne pas carrément la supprimer, tant qu'on y est ?

Edits. 14:00 Visiblement tout le monde n'est pas d'accord avec la sous-catégorisation : Bridges et Food viennent d'être vidées. Si ça continue comme ça, j'en ai encore pour un moment à ne pas pouvoir me servir de ma liste de suivi...

14:05 La vidange ascendante se poursuit par robot, ce qui me rassure sur ma liste de suivi.

14:55 Streets, Transports et Things sont vides.

15:05 Il semble que la victoire totale de l'ordre sur le chaos organisé soit maintenant inéluctable, puisque Things est vide. Ça m'a pris 10 minutes pour réaliser ça.

samedi 28 janvier 2012

Other

Other (autre). 1. Catégorie indécise et vague dans laquelle on range ce qu'on n'a pas réussi à classer selon des critères raisonnables. La taille de other est inversement proportionnelle à l'efficacité de la méthode de rangement. Si la taille de other dépasse la moitié de l'échantillon, on a un problème ; si elle dépasse les deux tiers, il faut changer de méthode ou d'échantillon. En pratique, c'est dans other qu'on fera les trouvailles les plus surprenantes (comme par exemple un tigre en peluche avec un sombrero sur la plage de Cancun), c'est pourquoi il est contre-productif de vouloir éradiquer other : une fois que le prévisible est rangé dans sa case, l'intéressant va dans other. 2. Vaste foutoir où l'on relègue l'indescriptible, l'incompréhensible, l'inadmissible. Other fonctionne comme un vide-ordure, en espérant que le concierge videra le bac à déchets. Il est à noter que la mode est au tri des déchets, ce qui montre l'absurdité de cette position, qui dénote un caractère angoissé et une volonté de contrôle de l'Univers tendant vers la psychose. 3. Voir ailleurs, puisque la Vérité y est.

Stuffed tiger wearing a sombrero
« Tigre en peluche avec un sombrero sur la plage de Cancun », classé other.

lundi 23 janvier 2012

« Cette image ne peut être utilisée sur Wikipédia ou Wikimédia Commons »

Je suis retombé1 sur une photo que j'avais mise sur Commons il y a un certain temps, et je me suis demandé comme ça qui l'utilisait dans le monde2. Google est mon ami, donc je drag'n'drop la photo de Commons dans images.google3, et ça me renvoie la liste plus ou moins exhaustive des articles de Wikipédia qui utilisent la photo. Et une page sur Structurae.
Mairie du 10e arrondissement de Paris
Photo que j'avais mise sur Commons il y a un certain temps.

Donc je clique sur l'image, le fichier a été copié sur leurs servers, avec une page de description (qui ressemble pas mal à une infobox de Commons, à l'habillage près) et qui reprend le nécessaire (description rapide, le pseudo de l'auteur et un lien vers la licence). Très bien, bravo.

Du coup, puisque je suis là, je me dis que l'ai fait d'autres photos que j'ai placées sous la même licence et qui peuvent servir à illustrer structurae4. La porte Saint-Denis, par exemple5.
Porte Saint-Denis 01
La porte Saint-Denis, donc.
Là, visiblement, ils n'ont pas repris ma photo, ils ont une petite quinzaine de photos « maison ». Les pages de description donnent le nom des photographes, mais selon la « note légale » ce n'est pas sous licence libre :
Cette image peut être utilisée gratuitement pour des usages personnels, académiques ou pour la recherche. Dans tous les cas le ou la photographe et Structurae doivent être mentionnés.
Pour la publication (imprimée, en-ligne ou autre méthode) et/ou l'exploitation commerciale de cette image, par exemple sur un site Internet non-personnel, il faut obtenir la permission du détenteur du copyright et/ou du photographe. Si vous obtenez la permission d'utilisation sur une page Internet vous devez aussi inclure un lien vers Structurae, soit vers cette page-ci, la page de données ou un lien général.
Veuillez contacter Structurae pour obtenir plus d'informations.
Soit. La ligne suivante est carrément explicite et sans détour6 :
Cette image ne peut être utilisée sur Wikipédia ou Wikimédia Commons sans la permission de l'auteur de l'image!

D'où la question suivante : qui sont ces photographes qui versent leurs photos sur structurae pour que structurae puisse monnayer leur droits de reproduction au détail et en gros7 ?
Visiblement c'est n'importe qui qui aura suivi le lien « Aidez Structurae et envoyez-nous vos images! »8 en bas des pages.

Donc, pour résumer… Structurae utilise des photos de Commons en respectant les licences et monnaye les photos qui lui sont directement envoyées.
Personne ne sait si les photographes sont rémunérés dans l'histoire (cela dit, vu que les tarifs ne sont pas indiqués, c'est sans espoir). Quand je prends des photos et que je veux les partager, c'est pour qu'elles servent à tout le monde, pas juste à faire gagner de l'argent à Structurae, c'est pourquoi je les publie sous licence libre sur Commons.

Au passage, je note que structurae vend des espaces publicitaires.
Juste pour leur faire la nique, Wikimedia devrait y mettre les bannières de foundraising, l'an prochain.

Notes
1 Sans me faire mal.
2 Par simple curiosité.
3 En fait non, il y a un gadget firefox qui fait le boulot tout seul et qui sait aussi chercher à des endroits où on ne trouve rien, genre sur Baidu.
4 Ça peut servir à ça, ce n'est pas une obligation non plus. Ils font ce qu'ils veulent sur leur site, je m'en fiche. Tant qu'ils respectent la licence c'est bon pour moi.
5 J'ai fait une photo dont je suis content, ils ont une entrée… allons voir.
6 Et pour la peine, même si j'aime pas le gras (ça fait grossir), je laisse la typo d'origine.
7 Comme le laisse entendre la page liée.
8 Oui, on aime bien le point d'exclamation, sur Structurae. Ça fait enjoué, dynamique, souriant et commercial, sans doute !
  Une dernière note, sans numéro : pour illustrer ce billet, je n'utilise que des photos sous licence libre, stockées sur Commons (et que accessoirement, j'ai prises avec mes petites mains potelées aux doigts boudinés). J'ai bien compris qu'il ne faut pas utiliser le contenu de Structurae. Jamais.

Mise au point

J'allais oublier. Pas de vœux ici cette année, parce que :
  • les Samoa ont fait le tour du monde pour se retrouver à la même place ;
  • la France a perdu son tripleuha (elle avait qu'à ranger sa chambre) ;
  • Steve Jobs et MegaUpload sont plus ou moins morts ;
  • Le film de Sassam Hussein va bientôt sortir
  • etc.
Comment souhaiter une bonne année dans ces conditions ?

dimanche 22 janvier 2012

#WTF

Je survole des articles de Wikipédia (dont le sujet ne me fait pas forcément relever la nuit). Mais il arrive que j'aie l'œil accroché par une phrase plus ou moins absurde, dont je ne doute pas un seul instant qu'elle fait (ou faisait, sur le moment) sens pour celui qui l'a écrite.
Compilation.

André Sas Orchassal
André Sas Orchassal est cousin au 14e degré avec le généalogiste Pierre-Valéry Archassal.
Albert Kammerer
D'origine alsacienne et strasbourgeoise, d'une famille protestante, il épouse Élisabeth Hosemann en 1908 dont il aura trois enfants.
André Tubeuf
À quoi s'ajoutent d'innombrables conférences (dont sept à Salzbourg dans le cadre du Festival) et autant d'émissions radiophoniques.
Tour de poitrine
Faites vérifier vos mesures régulièrement chaque année, lors de changement de poids, allaitement, un premier soutien-gorge d'une adolescente, changement de modèle; par un(e) corsetier(ère) ou un(e) couturier(ère). Ce service est gratuit au Québec.
Claudia Schiffer
Son père est mort le mardi 24 juillet 2007 d'une crise cardiaque au golf de Bitche (Moselle).
Miss Ming
Miss Ming est née un 3 novembre 1990 et n'est pas autiste mais simplement différente.
Christophe Dechavanne
Christophe Dechavanne est daltonien, et il a une sœur.
 KoЯn
 Dans leur jeunesse, Fieldy était d'ailleurs assez méchant avec Jonathan : « Il me piquait mes T-shirts » a déclaré plus tard Davis.
Chimère (génétique)
[… ] les analyses effectuées sur un de ses fils montraient qu'elle ne pouvait être sa mère.
Cadran solaire à fibres optiques
…un monolithe de bronze
Chronologie de Paris
C'est le grand retour du tramway à Paris, après une absence de près de 70 ans.
Aquarium du palais de la Porte Dorée
Des nautiles, sorte de mollusque céphalopode, étaient conservés dans un bac réfrigéré à 16 °C. Ils étaient avec la limule les représentants stars de cette partie.
YouPorn
[…] le site aurait été conçu et réalisé à l'origine par un Allemand.
 Je n'ai pas corrigé, je trouve plus drôle comme ça.

À part ça, j'ai rêvé que le bistrot à côté de chez moi contribuait à Wikipédia pendant les courses (il fait PMU aussi), pendant que sa femme regardait les clients avec les dents. Sur le coup, ça n'avait pas l'air aussi barré qu'en l'écrivant, mais ça m'a quand même fichu la frousse. Je me suis donc réveillé en sueur, j'ai attrapé mon cartable et je suis allé à l'école, où je me suis rendu compte qu'il y avait un problème quand la maîtresse essayait de faire des calculs sur un tableau triable et que Poulpy lui disait d'utiliser un tableur.
Et je me suis réveillé…

Je cherche toujours dans quel article  je pourrais ajouter ça.